Chapitre 5
Plus court que les autres. Une manière de redonner un peu de boost à ce blog que j'ai délaissé (une fois encore) durant un assez long moment. Comme toujours, j'attends vos remarques et vos critiques. Oilà ! Bonne lecture.
"Un bruit de tonnerre s’échappa des écouteurs du casque en crépitant et une enveloppe fila d’un bord à l’autre de l’écran. Un courriel venait de lui être envoyé. En découvrant l’expéditeur, Phil se demanda s’il devait ou non ouvrir le courrier.
Une réponse à un appel à texte. Une petite nouvelle d’une quinzaine de pages et qu’il avait écrite en deux jours dans son domaine de prédilection : la science-fiction. Mais apparemment c’était une nouvelle déception. En substance, on l’informait avec cette politesse de rigueur que son histoire manquait de punch, qu’elle était bien écrite, que son style convenait mais… Il y avait toujours un mais qui venait s’incruster à un moment donné.
Nouvel échec.
Stephen King punaisait toutes les lettres de refus que lui renvoyaient les magazines au-dessus de son lit et ce n’est pas pour autant qu’il ne s’était pas hissé, à force de travail, au rang de romancier le plus lu à travers le monde. Phil ne pouvait donc pas se décourager même si tout autour de lui criait le contraire.
Il ne travaillait pas. Qu’espérait-il en envoyant ces histoires ? Pourquoi se bornait-il encore à le faire malgré tous ces refus ? Si au moins quelqu’un avait eu le courage de publier l’une de ses œuvres, cela l’aurait quelque peu encouragé à poursuivre dans cette voie. Mais jusque-là, il n’avait reçu aucun signe d’encouragement. Alors pourquoi ? Pourquoi essayer s’il n’avait pas l’ombre d’une chance ?
Il se mordit la lèvre, furieux, et classa le courriel dans un dossier nommé « lettres de refus ».
Phil savait qu’aucune boisson alcoolisée et qu’aucune drogue n’arriverait à chasser sa mélancolie et son dégoût de ne pas avoir été compris.
Il se contentait d’occuper son fauteuil, souhaitant qu’arrivent des jours meilleurs.
Et lorsque d’autre aurait fondu en larmes ou se seraient soûlés jusqu’à tomber raide, lui se projetait dans la suite d’un palace prestigieux, mettant la dernière touche à son roman tout en sirotant une tasse de café, pressé de le remettre à son éditeur pour pouvoir enfin rejoindre sa femme et ses enfants dans leur chalet au bord du lac.
Après avoir sauvegardé le document sur son ordinateur portable et fait une copie sur clé USB, il aurait tout le loisir de pouvoir songer à celui qu’il avait été, cette part de lui-même qui vivait encore dans cet appartement minable – et qui le poussait à agir – sans un sous en poche. Malheureux. Isolé. Survivant comme il le pouvait et se nourrissant de cet accomplissement fantasmé. Puis il se mettrait à rire parce qu’après tout il avait eu raison de s’accrocher."